« La fatigue émotionnelle et physique des mères
Le burn out maternel »
C’est le titre du livre de Violaine Guéritault, Dr en psychologie, que j’ai découvert en 2005 lors d’un congrès de La Leche League, elle y est venue parler de cet état de fatigue, d’épuisement intense vécu par les mères. La fatigue émotionnelle et physique est ressenti fortement par les mères en état d’épuisement.
« Le burn-out désigne plutôt un état psychologique, émotionnel et physiologique résultant de l’accumulation de stresseurs variés, caractérisés par une intensité modérée et un aspect chronique et répétitif …/… le burn-out trouve ses racines dans le temps…/… et s’inscrit ainsi dans la durée » (1)
Burn-out… maternel
La femme après avoir vécu 9 mois de grossesse, épreuve physique, émotionnelle intense, après avoir mis au monde son ou ses enfants ou parfois subi son accouchement, autre épreuve physique, et hormonale importante se retrouve mère.
Être mère c’est être quasiment 24h/24h responsable d’un tout petit, vivre des journées où l’imprévu règne en maître, faire face à une multitude de tâches pour lesquelles le partage n’est pas toujours équitable et surtout devoir assurer une image sociale conforme aux attentes extérieures : une maternité épanouie et un travail salarié valorisant.
Sauf que la réalité de la vie est tout autre. Qui peut vivre avec de l’imprévu en permanence sans y être préparé ?
Un bébé n’a que faire de notre organisation, lui a juste besoin d’amour, de lait, de se sentir propre. Que la vaisselle ne soit pas lavée, que le frigo soit vide, que les vitres de la maison soient sales, que la corbeille de linge déborde, que le jardin se transforme en jungle amazonienne il s’en moque. Il vit l’instant présent et nous n’avons d’autre solution que de se mettre à son diapason (vivre au présent en étant soutenu) lors de ses premières semaines de vie sous peine de glisser inexorablement vers une fatigue extrême.
Qui peut s’occuper d’un bébé, d’une maison, d’une famille, d’un travail tout en étant épanouie, sereine et en pleine forme ? WonderWoman ! Oui mais dans la réalité elle n’existe pas. Et l’épisode ne dure qu’une heure maximum donc être WonderWoman durant une heure c’est possible, pas 24h sur 24 ni 365 jours par an.
Techniquement c’est irréalisable. Alors faut-il essayer de réaliser l’impossible ou de mettre le réalisable à notre portée ?
Comme nous (j’ai fait comme d’autres) sommes beaucoup à les défis, nous tentons bien sûr… l’impossible !!!
Et voilà ce qui arrive…
Les 3 stades du burn-out
1 – Épuisement physique et fatigue émotionnelle :
Décrit par Hans Selye (2) cet état est celui d’une personne qui a épuisé son énergie physique, émotionnelle, et psychologique, elle ne parvient plus à réagir. Si les stresseurs restent actifs, la personne continue d’être sollicitée, en vain et c’est le passage au deuxième stade.
2 – Distanciation/détachement :
Pour se protéger, l’individu va continuer de gérer la situation malgré son incapacité à le faire et va donc se couper de ses ressentis. C’est l’état de démission « j’en ai marre de me battre, je laisse faire ». Le prolongement de cet état mène à la troisième phase du Burn-out.
3 – Reniement des accomplissements passés, présents et futurs. Déclin de productivité et d’efficacité.
L’épuisement physique est extrême, les troubles du sommeil, la fatigue chronique, les douleurs diverses apparaissent. La mère se plaint de tout et de tout le monde, elle devient hypersensible, pessimiste, indécise, intolérante, irritable, impulsive… tout ou partie de ses symptômes sont présents à cet état du burn-out : « Je suis nulle, j’arrive à rien, de toute façon c’est même pas la peine d’essayer… » sont des réflexions courantes à ce niveau.
Cette descente est sournoise car diffuse dans le temps. C’est un état qui arrive doucement, insidieusement, jour après jour, mois après mois.
« Même avec leur compagnon et leur famille proche, il semble par moment impossible à ces mères de transmettre et de partager ces difficultés sévères » (3)
La personne et son entourage ne s’en rendent pas toujours compte jusqu’au moment d’une prise de conscience que quelque chose ne va plus.
« je sens confusément que ça ne tourne vraiment par rond dans ma tête et que je vais péter un cable » (4)
État des lieux
La prise de conscience a eu lieu, une étincelle de vitalité profonde a jailli… qu’en faire ?
Comme après une tempête, un dégât des eaux, un accident, on va faire l’état des lieux.
Faire l’état de ce qui est, au moment dit ; faire le point, poser les choses, qu’est ce qui est encore en état ou qui nécessite des réparations rapides et simples ? (ex : le ménage dans la maison, il peut être sous traité) Qu’est-ce qui est indispensable et qui doit redevenir opérationnel ? (ex : remplir le frigo et se nourrir convenablement, ou se mettre à l’écart du bruit et des sollicitations pour dormir) Qu’est-ce qui va nécessiter des travaux plus longs ? (ex : prendre du temps pour soi, juste pour soi).
Tout ce travail d’état de la situation va permettre d’envisager qu’une autre vie est possible, qu’un retour à une vie heureuse et épanouie est réalisable.
En même temps que l’état des lieux va arriver la litanie des « mais comment j’en suis arrivée là ? » Ça c’est une autre (parfois longue) histoire qui pourra être étudiée au fur et à mesure des besoins.
La décision de commencer le travail est prise
L’état des lieux a été fait, la possibilité d’une reconstruction est réelle, le chantier peut commencer, en fait, il a déjà commencer 🙂 par des petites choses simples, rapides, faciles à mettre en œuvre et qui permettent de voir la vie quotidienne autrement, par exemple écouter tous les matins une musique qui fait du bien, lire une phrase, un texte qui nourrit, échanger quelques mots avec des femmes qui sont sur le même chemin..
Doucement et surement, la vitalité va reprendre le dessus sur la fatigue, parfois avec des rechutes, il ne faut pas oublier que la descente a été longue, la remontée ne se fera pas en une semaine.
Il est courant d’entendre qu’il faut 28 jours pour mettre en place de nouvelles habitudes, qu’il faut 100 jours pour être au point dans de nouvelles fonctions (c’est le cas des présidents), alors patience, chaque chose en son temps.
Comme pour un régime, un petit coup de « boost » au début, motive les troupes 🙂
Les élixirs floraux font parties des coups de pouce opérationnels et sans danger pour la santé.
Au delà du burn-out
« La dépression est l’une des conséquences les plus fréquentes du burn-out maternel. Le stress et l’épuisement sont à leur comble, l’image de soi et l’état d’esprit sont négatifs, et surtout il y a cette conviction, lorsque la mère se projette dans l’avenir, qu’elle ne verra pas le bout de ce stress » (5)
Le burn-out a des incidences sur les interactions avec les enfants, ils sont aux premières lignes face au manque de patience, à l’énervement de leur mère. Dans des cas extrêmes, il peut y avoir maltraitance des enfants d’où l’importance que la prise de conscience de cet état soit la plus rapide possible.
Le conjoint aussi va être touché, se sentir parfois impuissant devant le glissement comportemental de sa compagne et lui même peut devenir distant, se réfugiant dans le travail ou les activités en dehors de la famille.
Parfois, l’état dépressif nécessitera l’intervention de professionnels de santé, la prise de médicaments, dans des cas extrêmes l’hospitalisation.
Seulement avant d’en arriver là, reconnaître cet état de fatigue qui est courant chez de très nombreuses mères, oser en parler, ne pas rester seule, permettra de sortir de l’ornière plus facilement, plus rapidement.
Et comme le dit Isabelle dans son témoignage dans le livre de l’association MamanBlues (6) :
« La crise d’adolescence est attendue, préparée, accompagnée, documentée, contenue…Parfois même on arrive à s’inquiéter de son absence. Voilà ce qu’il faut pour la crise de la maternité : qu’elle soit attendue, préparée, accompagnée, documentée, contenue pour pouvoir être traversée et dépassée. » (7)
Marie-Christine Eustache, consultante en parentalité
Retrouver le livre « Le burn out maternel, comment j’en suis sortie » en version ebook
19 novembre 2012
https://www.mariechristineeustache.fr
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p27 « la fatigue émotionnelle et physique des mères » Violaine Guéritault Editions Odile Jacob 2004
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préface p xii « Tremblements de mères » MamanBlues Editions L’instant Présent 2010
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p93 idem (3)
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p213 idem (1)
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MamanBlues www.maman-blues.org
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p157 témoignage d’Isabelle « Tremblements de mères »